-
Hist I Thème 3 - LES TRAITES NÉGRIÈRES ET L'ESCLAVAGE au XVIIIème siècle
Thème 3 - LES TRAITES NÉGRIÈRES ET L’ESCLAVAGE AU XVIIIème SIECLE
Pages 32 à 41 du manuel Belin
Pour télécharger le cours (version Notebook pour TBI) cliquez sur l'image
CONNAISSANCES
La traite est un phénomène ancien en Afrique. Au XVIIIe siècle, la traite atlantique connaît un grand développement dans le cadre du «commerce triangulaire » et de l’économie de plantation.DÉMARCHES
La traite atlantique est inscrite dans le contexte général des traites négrières. L’étude s’appuie sur un exemple de trajet de cette traite.CAPACITÉS
Raconter la capture, le trajet, et le travail forcé d’un groupe d’esclaves.I Les traites négrières
Il y a plusieurs traites négrières (commerce organisé d'esclaves noirs). Trois se dégagent principalement
- traite atlantique : Entre 11 millions et 13 millions de personnes.
- traite transsaharienne : Entre 7,4 millions et 14 millions de personnes.
- traite orientale : Entre 4,28 millions et 17 millions de personnes (Olivier Pétré-Grenouilleau) .
Localiser dans le temps
Localiser dans l'espace
La traite arabe (VII- XIXème) (transaharienne et orientale)
La traite atlantique: Le commerce triangulaire (XVIème-XIXème)
II Etude de cas: Joesph Mosneron, un exemple de traite négrière
Téléchargez la fiche de travail
Le trajet du "prudent", navire négrier en 1768-1765 d'après "Moi Joseph Mosneron, armateur négrier nantais".
Document N°1 : Joseph Mosneron, La chronologie de la famille
1701 Naissance de Jean Mosneron fils d’un capitaine de navire1735 Mariage avec Marguerite Pitault fille de négociant. Ils auront 13 enfants1738 Naissance de Jean Baptiste1748 Naissance de Joseph1763-65 Premier voyage de Joseph sur un navire négrier.1766-67 Second voyage en tant que second du capitaine sur un navire négrier1768-69 Troisièmes voyages comme lieutenant vers Saint Domingue pour le commerce du sucre1769 Mariage de Jean Baptiste avec Anne Mulon fille de négociant1773 Mort de Jean Mosneron. Son fils Joseph reprend les affaires commerciales1778 Mariage de Joseph avec Marie Langevin fille d’un indienneur ( fabricant de toiles)1833 Mort de Joseph Mosneron<o:p> </o:p>
Document N°2: Extraits de "Moi, Joseph Mosneron armateur négrier nantais(1748-1833)"
Joseph Mosneron-Dupin, armateur négrier nantais, naît en 1748. Suivant les souhaits de son père, capitaine de navire, il complète sa formation scolaire par un premier voyage à bord d’un navire négrier, Le Prudent. L’année de ses quinze ans, Joseph embarque sur Le Prudent comme pilotin (élève officier non diplômé). Il raconte dans ses mémoires cette campagne particulièrement longue.
Il écrit : « Je me rendis dans la journée à Paimbœuf à bord du navire Le Prudent. […] Le navire avançait en charge et fut tellement encombré par les marchandises et les vivres qu’il ne restait dans la grand’chambre que l’espace nécessaire pour le jeu de la barre. […] Le navire chargé, l’équipage étant rassemblé, nous attendîmes les vents favorables pour notre départ qui arriva le 13 septembre 1763. […] L’équipage était composé de 34 hommes tout compris. Le capitaine James était un homme d’environ 34 ans […]. Le second, nommé Virdet, avait près de 48 ans. […] Le lieutenant nommé Dutreau était un homme de 30 ans. Il y avait en outre trois enseignes dont le premier, La Sonde, âgé de 27 ans, était celui qui avait le plus de connaissances théoriques du bâtiment. Les deux autres, dont l’un se nommait Guérineau, étaient de vraies machines. Nous étions aussi trois pilotins : Cornet de Nantes âgé de 17 ans, Dupé de Couëron âgé de 19 ans, et moi qui en avais quinze. Nous voyions la mer pour la première fois. Deux chirurgiens faisaient aussi partie de l’arrière. […] Le reste de l’équipage était composé de beaucoup de novices et de peu de matelots. Quant à la forme du bâtiment, elle n’était ni belle ni bonne. C’était dans le principe une construction hollandaise qu’on avait rehaussée d’un entrepont de près de quatre pieds et demi, et, par-dessus, une dunette et un gaillard d’avant […]. »Le 13 septembre 1763, le navire quitte Paimbœuf. Au début du mois de décembre, il fait escale aux îles du Cap-Vert. Il arrive à Bissau en janvier 1764.
« À notre arrivée à Bissau nous vîmes plusieurs bâtiments portugais et anglais qui étaient en traite, ainsi que le Phœnix de Nantes, capitaine Mary, qui était depuis un mois quoiqu’il fut parti de la rivière cinquante jours après nous. […] Ce pays est habité par des peuplades appelées Papels et gouvernées par un roi qui me parut avoir plus de puissance sur les Européens pour leur faire payer les coutumes et les tributs que sur ses propres sujets.[…] Nous arrivâmes donc à Bissau dans le mois de janvier 1764. Le capitaine paya les coutumes et ouvrit la traite. Il s’attendait aux brillants succès qu’il s’imaginait être le fruit de ses talents et de ses combinaisons […]. Après les palabres d’usage pour le paiement des coutumes, ce qui entraîna quelques jours, on s’occupa de sortir les marchandises des caisses et futailles. Ce travail ne fut satisfaisant pour personne car on trouva beaucoup d’avaries, principalement sur les armes qui étaient dans l’état le plus déplorable. Il n’y avait point d’armurier à bord et cependant il fallait réparer les fusils, pistolets et sabres. Ils étaient tellement incrustés de rouille qu’il devenait indispensable de l’enlever pour faire passer ces armes en traite.[…] Environ cinq mois après notre arrivée à Bissau, nous tombâmes dans la saison de l’hivernage […]. Plus nous prolongions notre séjour dans ces misérables contrées et plus nos provisions de France se trouvaient épuisées. […] Le capitaine, dans cette position critique, se décida à surpayer les Noirs et traita en totalité environ 140 esclaves. »<o:p></o:p>
En avril 1765, le navire quitte Bissau à destination de Fort-Royal, où il arrive au mois de juin.
La suite du récit… en Martinique. La traite ne s’est pas déroulée comme prévu sur les côtes de Bissau. Joseph Mosneron-Dupin et les autres membres de l’équipage sont affaiblis quand le navire négrier quitte l’Afrique pour la Martinique. Si Joseph évoque à de nombreuses reprises ses relations avec les Africains, il ne dit mot des esclaves et ne remet jamais en question un commerce qui se pratique alors dans la plus grande indifférence.
« Nous fîmes voile dans le mois d’avril 1765. […] Quand nous fûmes en mer, les vents ne cessèrent de nous servir avantageusement. Le scorbut dévorait les blancs et les Noirs, nos provisions de bouche étaient à bout, nos voiles et notre gréement ne tenaient pas, et par dessus tout cela le bâtiment avait peine à se soutenir sur l’eau. […] après notre arrivée dans la baie du Fort-Royal, on fit sortir notre cargaison de Noirs pour les déposer à terre dans des magasins afin de les soigner et de les rafraîchir. « Ils furent vendus tant bien que mal. Le capitaine seul s’en était réservé le soin et personne (d’) autre de l’équipage ne s’en inquiéta. On passa ensuite le bâtiment dans le port afin d’y faire les travaux de charpentage et de calfeutrage les plus urgents. »<o:p></o:p>
Le Prudent quitte la Martinique à la fin du mois d’octobre 1765. Il arrive à Paimbœuf le 25 décembre. Joseph reste muet sur les suites économiques de la campagne. La vente des esclaves ne l’intéresse pas. Il évoque rapidement un retour difficile à Nantes et ses retrouvailles familiales. Son journal s’attache ensuite au récit de ses deux autres voyages et aux prémices de sa réussite. Devenu un négociant riche, avisé, reconnu par ses pairs, il fonde en 1786 une société spécialisée dans la traite des Noirs qui n’est dissoute qu’en 1836, trois ans après sa mort<o:p></o:p>
PETRE GRENOUILLEAU O., texte présenté par, Moi, Joseph Mosneron armateur négrier nantais(1748-1833), éd. Apogée,1995, p 49-91.<o:p></o:p>Document N°4: La vie des esclaves à bord
Conditions de vie
Les captifs montaient par groupes, sur le pont supérieur, vers 8h du matin. L'équipage commençait par la vérification des fers et la toilette des esclaves en les aspergeant avec de l'eau de mer. Deux fois par semaine, on passait leur corps à l'huile de palme. Une fois par quinzaine, les ongles étaient coupés et la tête rasée.
Vers 9h, venait le repas, à base de légumes secs, de riz, de maïs, ignames, bananes et manioc que l'on avait achetés sur les côtes africaines. Le tout était bouilli, complété par du piment, de l'huile de palme, parfois un peu d'eau-de-vie. Il y avait un plat pour 10, une cuiller en bois pour chacun.
L'après-midi, on incitait les esclaves à s'occuper. On organisait des danses, un exercice difficile pour les hommes enchaînés.
Vers 17H00, les esclaves redescendaient dans l'entrepont où les hommes étaient enchainés, pour y passer la nuit.
Entassement dans l'entrepont des esclaves
Les esclaves étaient entassés nus en « cuillère » (c'est-à-dire qu'on les entasse les uns contre les autres pour gagner de la place) dans les parcs à esclaves, dans l'entrepont. On redoute les maladies (scorbut et la dysenterie). Le chirurgien à bord ne pouvait pas soulager la souffrance des captifs car les connaissances médicales de l'époque étaient insuffisantes. Les esclaves morts étaient jetés par dessus bord.Les captifs ne pouvaient pas se tenir debout ils devaient rester couchés ou assis enchainés nus dans un espace de 1 mètre cube. Les esclaves ont rarement essayé de se révolter car ils ne savaient pas naviguer. Avant d'accoster sur le sol américain, le navire est mis en quarantaine (pendant quarante jours, personne n'a le droit de monter ni de descendre du bateau avant qu'on ait vérifié qu'il n'y ait aucune épidémie). Pendant la quarantaine, les négriers soignent leurs "marchandises" ; ils les lavent, les coiffent, les habillent correctement. Le chirurgien cache les défauts des esclaves : cela s’appelle le blanchissement
Document N°5: La traite en France
La plupart des armateurs Nantais qui s'enrichissaient du commerce des esclaves vivaient dans les grandes maisons bourgeoises de l'île FeydeauA retenir
La traite occidentale est plus courte que la traite orientale mais elle est plus intensive. Les millions d'esclaves déportés permettent à l'Europe de s'enrichir et d'accroitre sa domination sur le monde.
III L'Utilisation des esclaves (dossier pages 34-35)
Les esclaves sont une main d'oeuvre bon marché abondante. On ne se pose pas de question sur la cruauté des traitements qui leurs sont infligés. Paradoxalement on les évangélise tout en les considérant comme des meubles.
Bourgeon, Les passagers du vent, Tome 5 "le bois d'ébène", page 39
- Le Code Noir de 1685: Les esclaves sont considérés comme des meubles.
Etude de cas: Ouladah Equiano
La fin de l'esclavage
Nicolas A. Monsiau - L'abolition de l'esclavage proclamée à la Convention le 16 pluviôse an II
Dessin à la plume rehaussé de gouache - Musée Carnavalet, Paris
© PMVP/TROCAZAuguste François Biard (1798-1882) L'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises en 1848, huile sur toile (Salon 1849)
Versailles, musée national du château et de Trianon, MV 7382
(C) Photo RMN / © Gérard Blot Dans cette représentation allégorique, la figure centrale pourrait être celle de Schœlcher.A retenir
Les traites négrières sont un phénomène ancien. Les esclaves étaient présents en Egypte, à Rome ou encore en Grèce. Elle s'organise à partir du VIIème siècle avec l'expansion musulmane (la religion musulmane interdit l'esclavage d'autres musulmans, il faut donc les chercher en Afrique noire).
A la fin du XVème siècle, une traite atlantique dirigée par les européens se met en place. Cette traite prend une grande ampleur entre 1700 et 1850. On parle alors de commerce triangulaire. On achète des esclaves noirs à des marchands Africains pour les revendre dans les colonies américaines. Ils servent alors de main d'oeuvre bon marché. Les navires rentrent en Europe chargés de produits du nouveau continent (coton, sucre, chocolat...)
Au XVIIIème siècle la traite négrière commence à être contestée par les philosophes des Lumières. Son abolition a lieu en France en 1848.
Vocabulaire:
Traite négrière, traite transatlantique, commerce triangulaire
Documents:
- Le Code Noir de 1685: Les esclaves sont considérés comme des meubles.
- Nantes et le commerce triangulaire (pdf)
- Un bateau négrier
A Lire:
- Les passagers du vent de Bourgeon (tome 3, le comptoir de Judas, tome 5, le bois d'ébène).
A voir:
- Case départ
Evolution actuelles et débats:
- Commémorations et lois mémorielles
Anneaux de Buren à NantesLes lois mémorielles: La loi TaubiraLa loi Taubira du 21 mai 2001 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité dispose que :
« Article 2.
Les programmes scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l'esclavage la place conséquente qu'ils méritent. La coopération qui permettra de mettre en articulation les archives écrites disponibles en Europe avec les sources orales et les connaissances archéologiques accumulées en Afrique, dans les Amériques, aux Caraïbes et dans tous les autres territoires ayant connu l'esclavage sera encouragée et favorisée.»— Loi n° 2001-434 du 23 mai 200110
Cet article suit l'article 1 qui dispose que la république française reconnait la traite négrière comme un crime contre l'humanité, toutefois l'article 2 ne donne pas de directive sur l'orientation du traitement de cette page de l'histoire.
Journée annuelle de la mémoire de l'esclavage, le 10 mai, date de l'adoption au Parlement de la loi Taubira.
Le nombre de victime des traites:
- traite atlantique : Entre 11 millions et 13 millions de personnes.
- traite transsaharienne : Entre 7,4 millions et 14 millions de personnes.
- traite orientale : Entre 4,28 millions et 17 millions de personnes (Olivier Pétré-Grenouilleau) .
Tags : esclavage, collège, histoire, traite, négrière
-
Commentaires
1HDA galereJeudi 20 Juin 2013 à 00:07Bonjour, pour l'histoire des arts je galère. Votre site n'es pas assez détaillé sur la page 39. De plus c'est le seul site que j'ai trouver pour avoir des information a chaque fois il m'envoie sur des pour acheter la BD.... Merci tout de même pour votre articleRépondre-
fredorainVendredi 2 Août 2013 à 18:43
-
2mathéoDimanche 5 Octobre 2014 à 11:43bonjour j'adore ce que vous faites votre site est très detaillé et va me permettre d'avoir une note exellente sur ce sujet que je ne comprenais pas trop. je vous remercie. bonne continuation3yoyoDimanche 6 Décembre 2015 à 14:51on aprent plein de chose merci j ai eu tout juste a l école ******4Big IdeasLundi 12 Septembre 2016 à 18:28Je dois faire un exposé sur la condition de vie des "noirs" dans les plantations.
Pouriez vous m'éclairez sur un personneage important que je pourrais citer?
Ps: Votre site est juste génial. Il m'a énormément aider. Je l'ai conseillé à plein de gens, et en ont été ravis.
Merci de vos encouragements.
Il y a des personnages intéressants à étudier comme Thomas Alexandre Dumas (premier général noir français) par exemple ou encore severiano de Heredia. Bon courage à vous
J'oubliai aussi Toussaint Louverture évidemment.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Toussaint_Louverture
7BonjourDimanche 8 Octobre 2017 à 17:53Génial merci
Ajouter un commentaire